mardi 21 mai 2013

Restauration de Mitages : Tapis Belouch

 Les larves de mites provoquent des dégâts  importants sur les textiles en se nourrissant de leur matière. Ce sont, la plupart du temps, des trous assez localisés avec souvent atteinte aux chaînes et trames, quand elles sont en laine.

Toutes les restaurations de mitages commencent par un parfait nettoyage et une désinsectisation totale du textile à traiter. 

Ensuite, après reconstitution des chaînes et trames abimées, les nœuds manquants seront refaits, en respectant les motifs et les couleurs originelles.

 

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lundi 20 mai 2013

Une belle surprise (suite)

Dans un précédent billet, je vous faisais part d'une belle surprise provenant d'un carton de fragments de "vieux tissus". Voici la suite de cette histoire.

Or donc, encore tout excité par la découverte de ces morceaux d'Indienne d'un si beau jaune, je m'empressais de continuer mon exploration.

Ma deuxième trouvaille était une pièce matelassée de 1 mètre par 80 cm présentant un décor à 3 types de rayures, et seulement 3 couleurs, peut-être un Chafarcani ?


Les bandes les plus sombres, d'un beau fond brun aubergine (Garance ?) comprenant des Boteh jaunes et des bouquets de 4 fleurs blanches sont rehaussées de nombreux petits traits rouges.

Les bandes jaunes et les blanches composées de petits motifs géométriques du même brun aubergine sont elles aussi complétées par ces petits traits rouges.


Le décor est caractéristique des fameux Chafarcani du Levant, mais certains furent fabriqués à Marseille, particulièrement après la venue d'artisans arméniens d'Alep où étaient installés les principaux ateliers de fabrication.

L'observation rapprochée du tissage m'en dirait peut-être plus.



Les fibres sont irrégulières et ressemblent à celles des cotonnades orientales, le tissage n'est pas très fin, mais n'a pas l'aspect des guinées, ces toiles grossières qui servaient en Occident à doubler les ouvrages matelassés.


Les teintures sont à la fois, à la réserve et, pour les rouges, sont posées au tampon de bois. Ces techniques étaient employées en Orient, mais il est certain que les artisans venus du Levant amenèrent avec eux leur savoir-faire et le matériel nécessaire à la fabrication qui se devait d'être en tout point conforme à l'original.

Donc le mystère restait entier quant à la provenance précise du tissu.

Pour ce qui est du matelassage, par contre, la qualité du coton de rembourrage contenant beaucoup de cosses, indique qu'il s'agit d'un coton américain provenant d'une récolte mécanisée (et ce dès la fin du XVIII ème siècle).
Le coton égyptien était récolté à la main et garantissait une plus grande pureté ainsi qu'une fibre plus blanche.
Ce qui signifie que, quelque soit la provenance du tissu, cette pièce a été matelassée à Marseille, où l'on pouvait utiliser indifféremment les deux qualités, en fonction de choix économiques ( le coton américain était moins cher), alors qu'au Levant, seul le coton égyptien était employé.


 Et enfin, derniers élément troublants, le piquage est longitudinal, dans le sens des rayures et non en losanges ou carrés comme traditionnellement dans nos régions et les deux faces sont du même tissu, alors que les chafarcani de ce type servaient surtout de doublure.

En résumé, cette pièce est de la fin du XVIII ème ou du début du XIX ème siècle et mon sentiment personnel est qu'elle fut réalisée en Provence par un artisan levantin.

J'avoue ne pas en savoir plus, mais quoiqu'il en soit, sa beauté et son mystère m'ont touché au plus haut point.

Décidément ce cadeau se révélait de plus en plus précieux.
Et ce n'était pas fini, le carton n'était pas encore vide

à suivre...


Fragments d'étoffes # 1

Ces fragments de tissages rares et précieux, montés sous verre ou entre deux verres restituent l'essence même de l'œuvre textile originelle.
Toutes les pièces sont uniques et authentifiées par un certificat attestant de leur âge et de leur provenance.
Les prix sont sur demande, en mentionnant le # de la pièce.

# 1 : Jupe piquée rebrodée au point de Beauvais.

C'est au milieu du XVIII ème siècle qu'apparut l'idée de rebroder le bas des jupes piquées au point de Beauvais. Ces broderies, souvent de laine étaient exécutées après le montage de la jupe. Elles nécessitaient beaucoup de talent de la part des brodeuses et étaient donc l'apanage des familles aisées

Le décor de cette pièce présente des ramages végétaux et des fleurs en vogue à cette époque, œillets, pivoines...
Les couleurs de ces broderies de laine très fine, sont restées d'une grande fraicheur.


Le choix du cadre en bois naturel et de la marie louise en coton, créent une belle harmonie avec l'étoffe. Le verre employé, anti-reflet et anti-uv dénote du soin extrême apporté à cette réalisation.
Dimensions totales : 0.57 m x 0.62 m




Un tissu rare du XVIII ème siècle, dans un écrin soigné.
Un beau cadeau déco à se faire !


jeudi 16 mai 2013

Une belle surprise

Il y a quelques mois, Sœur Emma, une amie de la famille, m'offrait un grand carton de "morceaux de vieux tissus...dont tu pourras sûrement faire quelque chose puisque c'est ta partie." Après avoir remercié et souhaité une bonne retraite à sœur Emma qui s'est tant dévouée pour les pauvres du village, je déposai son cadeau dans le local ou je stocke diverses chutes et morceaux de tissus anciens en vue de réemploi ultérieur pour des restaurations nécessitant ce type de matières. J'avais bien vu dépasser quelques morceaux de piqués mais j'avoue ne pas m'être vraiment penché sur le contenu de ce carton.
Ce n'est que quelques jours avant une exposition consacrée aux jupes et couvertures piquées, en préparant mon matériel, que le souvenir  fugace d'avoir entraperçu de belles couleurs me revint. Une sorte de "flash" qui se produit souvent quand on déniche une belle pièce au milieu d'autres et qui opère avant même que l'analyse et la réflexion ne viennent confirmer votre intuition. Une réaction quasi-instinctive, basée pour ma part sur la qualité des couleurs et le ressenti de leur harmonie, qui alerte le cerveau en premier lieu.
Fort de l’idée qu'on doit toujours écouter son instinct (surtout s'il est forgé par une trentaine d'années de pratique et d'observation attentive), je décidai d'aller explorer ce carton qui devenait peu à peu dans ma tête, un carton à trésors potentiels.
Premier contact, 3 fragments de couverture dont l'envers est une Indienne de grands Boteh fleuris à fond jaune d'une chaleur et d'une profondeur qui me font tout de suite comprendre que je suis en présence d'un jaune Curcuma ou Safran.


Des rouges puissants certainement issus de la Garance ainsi que des bleus à base de Pastel m'indiquent qu'il y a tout lieu de croire que cette Indienne est du XIX ème siècle.


Le décor de l'endroit, en bandes de motifs de boucliers et de rideaux à glands rouges sur fond brun confirme cette idée et me permet encore d'affiner mon analyse. De plus la qualité de l'impression est très belle, fine et précise.


Tous ces éléments me font finalement penser que cette couverture a certainement été faite au milieu du XIX ème siècle.

Belle découverte ! Bien que ce ne soit que des fragments, ils ont incontestablement valeur de documents et de plus me permettront de restaurer des pièces du même type ou de la même époque. Une aubaine quand on sait que pour ce type de travail, le plus difficile est de trouver de la matière permettant le remplacement des parties usées.

Mais je n'étais pas au bout de mes surprises...Le fameux carton semblait encore contenir des trésors cachés.

à suivre...